La clarinette est un instrument à vent de la famille des bois caractérisée par son anche simple et sa perce approximativement cylindrique. Elle a été créée vers 1690 par Johann Christoph Denner (1655-1707) à Nüremberg sur la base d'un instrument à anche simple plus ancien : le « chalumeau ». La clarinette soprano (en si ) est le modèle le plus commun.
La perce cylindrique de la clarinette la distingue du hautbois et du saxophone, tous deux à perce conique, et lui confère une aptitude au quintoiement[1]. Son timbre chaud dans le registre grave, peut s'avérer extrêmement brillant voire perçant dans l'aigu.
De tous les instruments à vent, la clarinette possède la plus grande tessiture avec 3 octaves plus une sixte mineure, soit 45 notes en tout[2]. Elle se décline en une famille d'instruments presque tous transpositeurs, depuis la clarinette contrebasse jusqu'à la clarinette sopranino, couvrant ainsi toute l'étendue d'un orchestre symphonique. À l'exception des percussions, la clarinette est l'instrument qui possède la plus grande famille.
La famille des clarinettes modernes est très étendue. La taille et la tonalité sont les principaux éléments différentiels. Si l'étendue de la tessiture est à peu près constante, les registres de jeu sont différents.
Aujourd'hui, les clarinettes suivantes sont utilisées, depuis la plus aigüe jusqu'à la plus grave[13] :
Nom de la clarinette |
Tonalité |
Commentaire |
Tessiture |
La petite clarinette sopranino |
en la |
Presque plus fabriquée, sinon pour l'exécution des bandas (musique militaire italienne), et aujourd'hui pour la musique contemporaine, car sa sonorité criarde intéresse les compositeurs[14] ; |
 |
La petite clarinette |
en mi |
Son timbre est très caractéristique, un peu criard. Encore très utilisée aujourd'hui en harmonie, sa tonalité étant très « compatible » avec la plupart des autres instruments (si principalement) ; |
 |
La petite clarinette |
en ré |
Fabriquée presque uniquement pour l'exécution des concerti de Johann Melchior Molter pour clarinette en ré. En grande désuétude car son répertoire est très limité ; généralement, les musiciens préfèrent transposer les passages de clarinette en ré pour les jouer à la petite clarinette en mi ; |
 |
La clarinette soprano |
en ut |
En désuétude car son timbre est un peu vulgaire et sa justesse perfectible[15]. Utilisée comme instrument d'étude pour les jeunes enfants en raison de sa petite taille ; |
 |
La clarinette soprano |
en si |
La plus usitée : utilisée dans tous les styles de musique, elle allie brillance et éloquence. C'est avec celle-ci que l'on débute ; |
 |
La clarinette soprano |
en la |
Au son un peu plus rond, encore très jouée aujourd'hui, son timbre est très approprié à la musique de chambre ; |
 |
La clarinette de basset |
en la |
Clarinette en la avec une extension au do, fabriquée uniquement pour l'exécution du concerto pour clarinette de Mozart dans sa version originale. En grande désuétude aujourd'hui, elle est très rare ; |
 |
La clarinette turque |
en sol |
Principalement jouée pour les musiques turques et grecques ; |
 |
Le cor de basset |
en fa |
Pour lequel a été écrit à l'origine le concerto pour clarinette et orchestre de Mozart. Il a été très usité à la fin du XVIIIe siècle ; |
 |
La clarinette alto |
en mi |
Très appréciée en musique de chambre et en orchestre d’harmonie ; |
 |
La clarinette basse |
en si |
Très utilisée en musique contemporaine et dans le jazz ; |
 |
La clarinette contralto |
en mi |
Utilisée en ensemble de clarinettes et de plus en plus en orchestre, notamment d’harmonie ; |
 |
La clarinette contrebasse |
en si |
Utilisée presque uniquement en ensemble de clarinettes. |
 |
Un prototype de clarinette octobasse a été fabriqué par Léon Leblanc[16]. Cet instrument était plus grave d'une octave par rapport à la clarinette contrebasse. Elle sonnait comme un jeu d'orgue de 32 pieds. Le projet, très ambitieux de par la taille de l'instrument, a été abandonné.
Clarinette sous tous les angles
Le bec (ou embouchure) est l'élément par lequel l'instrumentiste insuffle l'air. Autrefois taillé dans le bois ou dans l'ivoire, il est aujourd'hui principalement moulé en ébonite noire ou blanche, en plastique voire en verre (alors appelé « bec cristal »). Dans tous les cas, la table (partie du bec sur laquelle s'applique l'anche) est finie par usinage ou polissage.
Les becs en ébonite sont les plus fréquemment utilisés et offrent une large gamme de sonorité. Les becs en verre ont un entretien[20] plus simple et une sonorité plus nette ; ils sont plus rares et sont généralement réservés à la musique classique. Moins chers, les becs en plastique ont également une moindre qualité sonore ; ils sont généralement réservés aux instruments d'étude.
L'ouverture (hauteur de flèche de l'anche) et la longueur de la table (longueur libre en flexion de l'anche) sont les principaux paramètres géométriques distinctifs des becs. Un bec ouvert offre plus de puissance mais peut dégrader la qualité du son.
Le choix d'un bec est aussi important que celui de l'instrument. Il influe grandement sur le confort du musicien. Si les conseils de clarinettistes professionnels peuvent aider au choix d'un bec, seuls des essais personnels permettent un choix définitif. Des prototypes de becs à géométrie variable sont développés[21].
L'anche est la partie vibrante de l'instrument. Elle est faite en roseau de canne et est placée sur le bec au moyen d'une ligature en métal, en cuir ou en plastique. Les modèles allemands utilisent une cordelette comme ligature. Lorsque la clarinette est montée, l'anche se trouve sous le bec, contre la lèvre inférieure du musicien.
Les anches sont vendues taillées selon un classement de dureté, en fonction de l'épaisseur de l'anche. De nombreux musiciens professionnels taillent ou retaillent eux-mêmes leurs anches. La dureté de l'anche et la géométrie du bec sont liées.
L'anche est à l'origine de la production sonore. Avec son utilisation, une anche se dégrade rapidement, et les fibres du roseau se brisent. La résistance de cette pièce à la pression de l'air, la force de l'anche, est rapidement modifiée. Par conséquence, la façon dont le son est produit est modifiée et affecte le jeu du musicien.
Le temps mis par l'anche pour perdre de sa force est variable. Il dépend de la force initiale de l'anche, de son temps d'utilisation, de la pression d'air exercée par le musicien, et de la façon dont le bec est tenu en bouche (de la puissance avec laquelle le clarinettiste serre l'anche entre ses mâchoires). Pour une utilisation quotidienne de deux heures par jour, l'anche doit être changée en moyenne toutes les deux semaines.
Le barillet, situé après le bec, est une bague dont le rôle principal est l'accord de l'instrument. Beaucoup de clarinettistes se munissent de plusieurs barillets de longueur différente afin de pouvoir en changer selon les conditions de jeu (essentiellement les conditions de chaleur et d'humidité) et du diapason retenu par l'orchestre. La longueur de cette pièce et son écartement par rapport au corps de la clarinette influe sur la longueur totale de l'instrument et donc sur l'accord.
Les corps de la main droite et de la main gauche peuvent également être écartés l'un de l'autre, allongeant la taille de l'instrument. Cependant les écarts relatifs des orifices de chacun de ces corps sont calculés pour être fixes. La clarinette est très sensible à toute modification de ces longueurs. Il faut éviter d'utiliser ce moyen pour l'accord. Les professionnels réussissent à compenser la justesse simplement en modifiant leur technique d'embouchure et le support aérodynamique. Dans les cas extrêmes, le recours à des barillets de tailles différentes devient inévitable.
Le corps du haut et le corps du bas [modifier]
Les deux corps situés entre le barillet et le pavillon de l'instrument portent les trous, les anneaux et les clés. Les doigts de l'instrumentiste bouchent les différents trous en fonction de la note jouée. Lorsqu'un trou est hors de portée des doigts (car situé en haut, en bas et sur les côtés de l’instrument), l'instrumentiste utilise les clés prévues à cet effet.
Sur certains instruments, l'obturation des trous n'est pas confiée aux doigts eux-mêmes mais à des plateaux métalliques munis de tampons. On parle alors de clarinette à plateaux. Ceci peut s'avérer utile aux musiciens ayant des difficultés à assurer avec leurs doigts un bouchage parfait (arthrose,par exemple).
Certaines clarinettes (en ré, en mi , mais souvent aussi les clarinettes en métal) ont un corps en une seule partie.
Pavillon d'une clarinette si 
En prolongeant le chalumeau, le pavillon permet l'émission d'une note plus grave (le mi) qui par quintoiement, donne le si (dit bouché) grâce à la clé de douzième. Ainsi la gamme de la clarinette est complète.
Enfin, cette pièce de forme évasée favorise une bonne diffusion du son des notes bouchées : mi, fa, sol, la pour le grave. Elle résout le problème de la justesse relative des notes les plus graves des registres grave et clairon.
.
|